Parc-X Trio fait-il des rêves électriques?
“Le Parc X Trio taquine depuis déjà plusieurs années la chose électrique dans sa musique. À force de claviers bien vibrants et de basse bien ronronnante (plus une batterie fort alerte), le trio montréalais a créé une signature sonore qu’on reconnaît d’emblée et qu’on redemande. Nous sommes de nouveau comblés, car voici Dream, un nouvel opus qui invite à déambuler dans des chimères oniriques branchées sur de l’ampérage qui oscille entre le raisonnable et le très intense.
Les deux premières pièces de l’album (Wellfleet et Ngu) présentent la face presque contemplative de l’univers de l’électricité révélé entre autres par les inventeurs Thomas Edison et Nikola Tesla il y a plus de 100 ans. Puis, les trois amis (Gabriel Vinuela-Pelletier aux claviers, Alexandre Lefaivre à la basse et Alain Bourgeois à la batterie) ajoutent du voltage en revisitant le fameux thème du Lac des cygnes de Tchaïkovski. L’intensité ne s’exprime pas tant dans le rythme que dans les effets sonores qui semblent transformer les graciles oiseaux en formes incandescentes parcourues d’éclairs irradiant d’une étrange beauté.
Une idée subite m’est alors venue à l’esprit. Le titre original du roman de Philip K. Dick devenu Blade Runner au cinéma était Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?.Je me suis demandé à mon tour si les gars de Parc X fantasment sur des cygnes bioluminescents. Je pense que oui.
Le trio poursuit avec la pièce Dream à l’atmosphère onirique, certes, mais pas au tempérament rêveur, si vous voyez ce que je veux dire. Il y a juste assez d’énergie là-dedans pour éviter le piège d’une béatitude planante, ce qui ne serait pas du tout dans les habitudes de l’ensemble.
Je ne ferai pas la description ici de toutes les pièces, vous pourrez juger par vous-mêmes de leurs qualités. Car des qualités il y en a, ainsi que de superbes variations dans les textures et les rythmes d’une plage à l’autre. Malgré le surcroît d’énergie exprimé dans plusieurs pièces, les gars ne surchargent jamais la matrice en poussant vers le bruitisme. La musique n’est jamais agressive et le niveau sonore n’est jamais déplaisant. Nous sommes dans le rêve, pas dans le cauchemar. Les androïdes de Dick feraient certainement de beaux songes avec cette musique. Superbe.”
Par Frédéric Cardin
http://www.icimusique.ca/albumsenecoute/290/parc-x-trio-dream
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